Radu Mihaileanu

Interview de Radu Mihaileanu, jury du Festival de La Ciotat

C’est au Festival du Premier Film de la Ciotat où il est membre du Jury que j’ai rencontré Radu Mihaileanu qui est l’un de nos plus grands réalisateurs et scénaristes français.

Fils d’un journaliste roumain, Mordechaï Buchman, dissident communiste anti-stalinien, Radu Mihaileanu a quitté la Roumanie en 1980 durant la dictature de Ceaușescu pour émigrer en Israël puis en France où il a étudié le cinéma à l’Idhec (ancien nom de la Fémis). Après ses études, il a exercé le métier d’assistant réalisateur durant les années 1980, notamment auprès de Marco Ferreri. Il a ensuite enchaîné les succès et les Prix avec Trahir, Train de vie, Va, Vis et deviens, Le Concert, La Source des Femmes, l’Histoire de l’amour etc…

Catherine Merveilleux : Le Festival du Premier Film de la Ciotat s’ouvre ce soir. Vous êtes membre du Jury de ce Festival. Qu’ en attendez -vous ?
Radu Mihaileanu : C’est un festival que je connais bien et que j’aime bien. Je reviens pour la 3° fois dans cette magnifique salle de l’Eden, le premier cinéma du monde où a été projeté le film des Frères Lumières. Deux de mes films y ont déjà été projetés en avant-première. J’ai même l’honneur d’y avoir un siège à mon nom. J’attends que les films sélectionnés me surprennent, me bousculent, m’apprennent des choses que je ne connais pas, qu’ils me fassent voyager à travers la subjectivité de l’autre et la diversité et me permettent de comprendre le point de vue de l’autre au moment où chacun a tendance à se recroqueviller, dans son propre point de vue ou dans celui de sa communauté ou de son entourage.

C.M. : Les films projetés sont des premiers films. Cela vous rappelle-t-il votre état d’esprit, vos sentiments, lors de l’avant-première de votre premier film Trahir en 1993 ?

R.M. : J’étais, bien sûr, très ému. La présentation d’un premier film est un moment très important, crucial dans la vie d’un réalisateur.

C.M. : Votre film Trahir a tout de suite recueilli l’adhésion du public et de la critique et obtenu de nombreux prix.( Montréal, Istanbul). Comment l’avez-vous ressenti ?

R.M. : J’avais péniblement obtenu mon Bac… Lorsque j’ai reçu des prix pour Trahir, c’était la première fois que j’obtenais des prix… Cela m’a touché. Recevoir un Prix est une belle reconnaissance. C’est quelque chose de fort.

C.M. : En tant que membre du Jury, que réalisateur et scénariste confirmé, qu’aimeriez vous dire à ces cinéastes qui présentent leur premier film ? Quels conseils leur donneriez vous ?

R.M. : Je leur dirai de rester eux-mêmes, d’avoir confiance en eux, de garder leur cap, de rester original, de ne pas essayer de copier d’autres réalisateurs ou de surfer sur des tendances.

C.M. : Le Festival de la Ciotat a pour ambition de découvrir de nouveaux talents mais aussi de favoriser l’éducation à l’image. Pourquoi est-ce important ?

R.M. : C’est important de servir de tremplin aux nouveaux réalisateurs et c’est essentiel d’apprendre aux jeunes générations à décrypter l’image. L’Image peut véhiculer des Fakes. Elle peut servir à manipuler l’opinion et à endoctriner les jeunes qui sont malléables, influençables et confiants.

C.M. : Quel est le rôle du cinéma ? Selon vous, a-t-il uniquement un rôle de divertissement ou au contraire doit-il contribuer à comprendre l’âme humaine et aider à montrer la part d’universalisme qui réside dans l’intime ?

R.M. : Il est important de se divertir. Rien ne peut faire plus de bien qu’une bonne comédie surtout à notre époque où se succèdent les catastrophes. Une comédie peut aussi parfois permettre de véhiculer certains messages mieux qu’un discours dogmatique. Le cinéma a un rôle important pour permettre de comprendre l’Autre, de comprendre son point de vue, d’être en empathie avec lui, afin de ne pas rester enfermé dans les carcans de ses propres certitudes.

Radu Mihaileanu, Françoise Fabian et Camille Japy

C.M. : Que pensez-vous de l’évolution Wokiste du cinéma et des stéréotypes véhiculés par celui-ci de façon subliminale ?

R.M. : Le Wokisme a plusieurs composantes. Dans la Source des femmes, j’adopte un point de vue féministe. Par contre, d’autres composantes du Wokisme sont préoccupantes pour le devenir de notre société car elles sont clivantes.

C.M. : Avez-vous un projet en préparation et si oui quelle en est la thématique ?

R.M. : Ce prochain film devrait sortir en 2025 mais par superstition, je ne peux pas vous en dire plus…

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