César Diaz de nationalité belgo-guatémaltèque, après des études au Mexique et en Belgique a intégré l’atelier scénario de la Fémis à Paris. Sélectionné à la 58° semaine de la Critique, son premier long métrage Nuestras madres a été primé à Cannes.

Son nouveau long métrage, Mexico 86 est un récit autobiographique romancé car sa propre mère était une militante révolutionnaire et a dû faire un choix cornélien entre son rôle de mère et son rôle d’activiste en se séparant de lui encore bébé pour fuir au Mexique et en le confiant à sa mère.

Le synopsis est le suivant : 1986. Maria, militante révolutionnaire guatémaltèque, est depuis des années exilée à Mexico où elle poursuit son action politique. Alors que son fils de 10 ans vient vivre avec elle, elle devra faire un choix cornélien entre son rôle de mère ou celui d’activiste.
Lorsque je l’ai rencontré César Diaz aux Rencontres du cinéma de Gérardmer, il m’a expliqué «avoir vécu la même tragédie que Maria et son fils et confié que ses retrouvailles avec sa mère avaient été extrêmement douloureuses car le lien avait été rompu trop tôt… Le fait de parler d’un sujet aussi personnel, aussi intime dans un film est difficile. Il faut créer la distance entre la réalité et la fiction. Il faut qu’au niveau de l’intime tout soit en place, car lorsqu’on écrit un film et qu’on le réalise, ce n’est pas le moment de faire une thérapie. Personnellement, j’avais 13 ans lorsque j’ai retrouvé ma mère.

Elle avait refusé que j’aille dans une ruche à Cuba comme c’était l’usage pour les enfants de révolutionnaires en cavale et m’avait confié à ma grand-mère. J’ai situé le film en 86 pendant la Coupe du Monde parce sur les journalistes du monde entier avaient les yeux fixés sur la Coupe du monde et ne pensaient qu’au football alors que les tortures et la violence sévissaient en Amérique du sud dans un silence assourdissant et complice. Ma mère a vu le film mais elle reste murée dans le silence car de son passé de militante, elle a gardé l’habitude de ne pas parler, ni pour exprimer ses émotions, ni pour pour parler de ce qu’elle voyait car lorsque l’on est révolutionnaire, trop parler peut mettre en danger la vie des autres. Ma mère a juste évoqué la souffrance des militants et de leurs enfants. Elle n’a fait aucune allusion à notre histoire et à notre tragédie personnelles. Actuellement j’adapte le roman Les Juges qui dénonce l’absence de justice et les dérives de notre société.»
Mon avis : Un film puissant, profond qui dénonce les dérives, les violences et les tortures au Guatemala et au Mexique au milieu de l’indifférence du monde face à ses exactions.
Le petit Matheo Labbe est excellent et Bérénice Béjo, elle-même originaire d’Argentine incarne dans ce film, l’un des ses plus beaux rôles. Elle est bouleversante.
Réalisation : César Diaz
Casting : Bérénice Bejo, Matheo Labbe, Leonardo Ortizgris
Sortie : 23 avril 2025
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L'auteur
Catherine Merveilleux
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Catherine Merveilleux est la Rédactrice en chef du Magazine Le Jour & La Nuit depuis la création du média en 1996. Philosophe de formation, elle a longtemps enseigné avant de créer Le Jour & la Nuit. Libre et indépendante, elle n’est inféodée à aucun parti et analyse ce qu’elle constate sans aucun préjugé. Ennemie de la Pensée unique, elle rend compte à ses lecteurs en toute impartialité et en toute objectivité des événements auxquels elle a assisté avec pour unique objectif de ne pas travestir la vérité. Elle est l’auteur de deux romans et de plusieurs essais. Passionnée d’information et de culture, elle a à cœur de faire partager à ses lecteurs son amour du cinéma, de l’art, de la gastronomie et de la fête. Loin du bashing ambiant, elle s’efforce de montrer tout ce qui est est beau à Marseille, cette ville au potentiel incommensurable qui ne demande qu’à se révéler.