The Wall est le 3° long métrage de Philippe Van Leeuw. Dans ses deux précédents films il se plaçait du point de vue des victimes du génocide au Rwanda et des victimes de la guerre en Syrie. Dans son dernier film, The Wall, le réalisateur a fait le choix de se concentrer sur le point de vue du bourreau incarné par Vicky Krieps.
Le synopsis est le suivant : Jessica Comley est un agent de la patrouille frontalière américaine en poste à Tucson, en Arizona, dans une zone désertique où les trafiquants de drogue et les immigrants illégaux essayent de traverser la frontière. Un jour, elle tire sur un homme et le tue. Son collègue suggère qu’il s’agit d’un accident. Mais un homme âgé et son petit-fils, issus d’un peuple indigène, sont témoins de ce qui s’est passé. C’est leur parole contre la sienne…
Catherine Merveilleux : C’est votre troisième long métrage. Qu’est ce qui vous a motivé à écrire et à réaliser ce film ?
Philippe Van Leeuw : Dans mes deux précédents films, je me plaçais du point de vue des victimes. Dans celui-ci, je me concentre sur celui du bourreau incarné par Vicky Krieps. Le jour où Dieu est parti en voyage se plaçait du point de vue des victimes du génocide au Rwanda. Le deuxième Une Famille syrienne tourné en 2017 se plaçait du point de vue des victimes syriennes pendant la guerre en Syrie.
C.M. : Comment expliquez vous le geste de Jessica Comley qui abat de sang froid un homme ? Est-ce parce qu’elle a des problèmes familiaux avec sa mère, parce que son amie Sally est sur le point de mourir, parce qu’elle fait un burn out ou par idéologie ?
P.L. : Elle n’est pas en état de légitime défense. Elle n’est pas menacée. Elle déclare qu’elle a perdu le contrôle, suite à la façon dont sa victime l’a regardée, qu’il lui a vrillé la tête. Elle a tiré par idéologie et elle l’assume car lorsque son collègue suggère qu’il s’agit d’un accident, elle est fière d’elle et déclare qu’elle défend son pays et que lui n’a pas de couilles. Ce que je voulais montrer dans ce film, c’est l’emballement sur une idéologie, et comment une idéologie conditionne des gens à tuer. Dans mes autres films, la personnalité des bourreaux était esquissée. Dans celui-ci, je voulais approfondir leur personnalité et leurs motivations.
C.M. : La nation des Tohono O’odham existe-t-elle vraiment ?
P.L. : Mike Wilson qui interprète le rôle du grand-père témoin de l’assassinat du migrant est américain, il a fait l’armée américaine, pendant la Deuxième guerre mondiale et il fait partie de la nation des Tohono O’odham. Il interprète à l’écran son propre rôle et le petit Ezekiel Velasco est lui aussi Tohono. Comme le grand-père du film, c’est un homme engagé qui porte assistance aux migrants et leur distribue de l’eau pour qu’ils ne meurent pas de soif dans le désert.
C.M. : Qu’est qui vous a poussé à choisir Vicky Krieps pour interpréter le rôle de Jessica Comley ?
P.L. : J’ai souhaité lui proposer ce rôle après l’avoir vu dans Phantom Thread. C’est une actrice qui rougit… Il y a dans son visage une sensibilité et une vulnérabilité en antagonisme avec la dureté du personnage. Pour moi, il était important que le personnage malgré sa dureté reste humain.
C.M. : Jessica Comley est un personnage énigmatique. Elle a une personnalité particulière. Par exemple, pourquoi paie-t-elle un homme pour avoir des relations sexuelles alors que c’est une très jolie femme ?
P.L. : Elle va aux putes comme un homme le ferait pour satisfaire ses besoins sexuels. Elle se sert de cet homme trouvé dans la rue comme d’un objet sexuel.
C.M. : Où le tournage a-t-il eu lieu ?
P.L. : Sur la frontière au sud de Tucson en Arizona entre les Etats-unis et le Mexique.
C.M. : A la fin, il n’y a pas d’enquête…
P.L. : C’est ce que je voulais dénoncer. C’est le cœur du film. je voulais dénoncer l’abus de pouvoir et l’impunité totale…
Réalisation : Philippe Van Leeuw
Chef opérateur : Joachim Philippe
Casting : Vicky Krieps, Mike Wilson, Haydn Winston
Genre : Film politique, thriller
Date de sortie : 18 décembre 2024
Bodega Films, Altitude 100 Productions, The Wall, Immigration, Les Films Fauves, Philippe Van Leeuw, Vicky Krieps, Catherine Merveilleux, lejouretlanuit.net, Arizona,
L'auteur
Catherine Merveilleux
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Catherine Merveilleux est la Rédactrice en chef du Magazine Le Jour & La Nuit depuis la création du média en 1996. Philosophe de formation, elle a longtemps enseigné avant de créer Le Jour & la Nuit. Libre et indépendante, elle n’est inféodée à aucun parti et analyse ce qu’elle constate sans aucun préjugé. Ennemie de la Pensée unique, elle rend compte à ses lecteurs en toute impartialité et en toute objectivité des événements auxquels elle a assisté avec pour unique objectif de ne pas travestir la vérité. Elle est l’auteur de deux romans et de plusieurs essais. Passionnée d’information et de culture, elle a à cœur de faire partager à ses lecteurs son amour du cinéma, de l’art, de la gastronomie et de la fête. Loin du bashing ambiant, elle s’efforce de montrer tout ce qui est est beau à Marseille, cette ville au potentiel incommensurable qui ne demande qu’à se révéler.