Rocancourt, le Film : une plongée dans la vie film d’un personnage fascinant

Rocancourt, le film réalisé par David Serero est un film d’un nouveau genre cinématographique mêlant le documentaire, le film d’action, le thriller et l’interview spontanée. Le film présenté en avant-première au Marché du film au Festival de Cannes raconte le cursus de ce playboy que tout Hollywood s’arrachait. Rencontre avec celui que la presse appela à tort l’escroc des stars…

Catherine Merveilleux : La presse vous a appelé l’escroc des stars …

Christophe Rocancourt : Cette dénomination m’est restée mais, en fait, je n’ai jamais escroqué de stars. J’ai réalisé de nombreuse escroqueries. J’ai été un imposteur. J’ai été recherché par Le FBI et Interpol. Je les ai eus à mes trousses et j’ai été pendant des mois en cavale mais je n’ai jamais escroqué de stars. J’ai été le fugitif le plus recherché d’Amérique. J’ai emprunté le nom de Rockfeller mais je n’ai jamais escroqué de stars. Ce sont des journalistes, je dirai même «des journaleux» qui recherchaient le buzz qui ont fait ce genre de déclaration.

C.M. : Votre avocat dans le film déclare même que vous avez souvent été accusé à tort puis blanchi par la justice des accusations portées contre vous…

C.R. : C’est exact.

C.M. : Pourquoi avez-vous accepté le projet de film de David Serero ?

C.R. : David a réussi à faire ce qu’aucun réalisateur ou aucun producteur n’a jamais réussi. Il a fait le film de ma vie. Avec empathie, il a retranscrit mon vécu, mon désarroi, mes doutes, mes espoirs au delà du bad buzz.

C.M. : Dès le début du film , le spectateur apprend que vous avez eu une enfance difficile, douloureuse et très pauvre …

C.R. : Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières. Je suis parti de rien. Mon père était docker, ma mère était prostituée. L’enfance détermine d’une manière ou d’une autre ce que l’on devient plus tard. Cette enfance est une réalité mais ce n’est pas une excuse. J’ai dérogé à la loi mais j’ai payé ma dette à la société.

C.M. : Par la suite, vous êtes devenu le playboy que tout le monde s’arrachait, une personne reconnue, adulée par la Jet set.

C.R. : Il est vrai que j’appartenais au milieu du showbiz, de la jet set, des People où le champagne coulait à flots et que j’étais proche de Jean-Claude Van Damme, de Mickey Rourke et de beaucoup d’autres personnalités…

C.M. : Comment avez vous découvert ce monde de la Jet set et de la Nuit si loin de vos origines ?

C.R. : En arrivant à Paris, j’ai rencontré Gérard Siad, Celui-ci m’a hébergé et m’a aidé lors de mes premiers pas parisiens . Il m’a fait découvrir le monde de la Nuit.


C.M. : L’argent a-t-il été pour vous un moyen d’ascension sociale ?

C.R. : Entre autres. L’argent pour moi c’était un moyen d’acquérir la liberté. J’ai aussi essayé de m’élever intellectuellement. En arrivant à Paris, je fréquentais des étudiants parisiens de bonne famille et, sans-le-sou, je piquai des bouquins de Nietzsche et de Kant dans les librairies entre Le Flore et Les deux Magots à Saint-Germain -des-Prés. Plus tard en prison, j’ai lu, j’ai écrit mes livres.

C.M. : Vous avez écrit plusieurs livres. je me souviens avoir moi-même chroniqué l’Evangile selon Max qui est paru chez Flammarion en 2010.

C.R. : Gilles Paris était l’attaché de presse qui s’occupait de mon livre. Il s’est d’ailleurs inspiré du personnage de ma mère pour son livre Autobiographie d’une courgette. J’ai aussi écrit : Moi, Christophe Rocancourt, orphelin, playboy, taulard ( éditions Michel Lafon, 2002), Mes Vies (éditions Michel Lafon, 2006), Arnaque (éditions Michel Lafon 2007), Je plaide coupable, éditions l’Archipel 2013

C.M. : Après demain, votre film sera projeté au Festival de Cannes, pour vous est-ce une revanche sur le passé ?

C.R. : Je ne raisonne pas comme cela. Je n’essaye pas d’avoir une revanche. Je ne regarde pas le passé. Je regarde vers l’avenir.

C.M. : Cet avenir quel est-il aujourd’hui ?

C.R. : J’ai payé ma dette à la société. Comme je le dis dans le film. «Ne me jugez pas. Les tribunaux s’en sont déjà chargés.» Aujourd’hui je vis à Montreux en Suisse. J’ai 3 enfants dont Tess, la fille que j’ai eu avec Sonia Roland qui a 17 ans et qui témoigne dans le film et un petit dernier qui a 5 ans. Ils sont mon avenir.

Un beau film sur un destin hors du commun. Un film non pas rocambolesque mais Rocancouresque. Une histoire touchante où le point de vue du personnage principal est exprimé par le personnage principal en personne d’après son propre point de vue avec le recul que la maturité lui a apporté. C’est aussi l’histoire d’un homme qui croit en Dieu et qui déclare : «Sans la main de Dieu, je n’aurai pas été sauvé. Aujourd’hui, j’ai payé et je suis droit dans mes baskets.» En fait, toute sa vie Rocancourt s’est évertué à s’inventer d’autres vies et à refuser l’existence qu’on avait tracée pour lui, celle d’un petit garçon maltraité et abandonné. Il a refusé ce déterminisme inéluctable.

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