Un essai sur le dandysme de la philosophe Marie-Christine Natta.
Eternel révolté, le dandy ne se conforme pas aux usages du commun des mortels. Il aime transgresser les lois et la morale mais ce n’est pas un révolutionnaire car il a besoin des règles qu’il bouscule. Le dandy a mille visages. Il est parfois discret, parfois ostentatoire. Il aime le luxe, parfois le dédaigne. Il est actif. Il est paresseux. En dépit de leur infinie diversité, les dandys appartiennent tous à une même famille, froide et exclusive, dont chaque membre est animé de la volonté de s’opposer, de se distinguer et de s’élever en faisant, à tout instant, œuvre de beauté.
«La Grandeur sans conviction» est un titre que l’auteur Marie-Christine Natta a emprunté à Charles Baudelaire. Ce titre suggestif associe deux caractères essentiels du dandysme : le pouvoir-sur soi et sur autrui et le détachement.
Qui sont les dandys célèbres ? George Bryan Brummel, Jules Barbey d’Aurevilly, Charles Baudelaire, Oscar Wild et plus près de nous, Karl Lagerfeld, Serge Gainsbourg et David Bowie. Quels sont leurs traits communs et qu’est-ce qui les caractérisent ? En fait, ils sont inclassables car le mystère masque le secret de leur nature. Cependant, ce dont on est sûr, c’est que les premiers dandys sont apparus en Angleterre à la fin du XVIII° siècle dans une société étouffée par une hypocrisie de manières et de langage typiquement anglaise qui donna envie à certains esprits rebelles non pas de renverser des trônes et de brûler des châteaux mais simplement de rompre avec le conformisme ambiant en affirmant leur originalité.Vingt ans plus tard, au XIX° siècle, George Bryan Brummel fut le premier dandy. Il imposa alors une mode et une manière de s’habiller pour les hommes qui traversa la manche et qui perdura pratiquement jusqu’à aujourd’hui. Les mondains et les écrivains de l’époque comme Chateaubriand, Stendhal, Musset, Balzac, au début, les critiquèrent sévèrement. Selon Baudelaire, «le Dandysme était le dernier éclat d’héroïsme dans les décadences» et selon Barbey d’Aurevilly « Il était le fruit d’une société qui s’ennuiyait.» Le dandy est donc un rebelle mais il ne dépasse pas les bornes. il respecte les lois car comme le dit Jules Barbey d’Aurevilly, «C’est un poseur qui a du tact.» Il ne veut pas renverser les lois. Il en a besoin pour les transgresser. Le Dandy ne voue pas un culte au travail, qui selon lui avilie l’Homme. Il refuse souvent d’ailleurs d’aliéner son indépendance en travaillant. Quant à l’argent, il n’a pour lui que l’intérêt de pouvoir satisfaire ses passions. Il n’aspire pas à l’argent comme a une chose essentielle comme le font les membres de la bourgeoisie. L’argent n’est pour lui qu’une monnaie d’échange dont il refuse d’être comptable. Le dandy n’aime l’argent que parce qu’il lui procure le luxe dont il aime s’entourer car il aime les belles choses… mais il est tout à fait capable de s’en passer. Il aime transgresser les lois et la morale mais ne va jamais jusqu’au crime. Le dandysme naît cependant souvent d’une fragilité. Le dandy porte un masque qui lui permet à la fois de s’embellir et de se protéger. Il paraît impassible mais cache parfois sa détresse sous un apparent stoïcisme. Le dandy est libre de sa sexualité qu’il soit homosexuel, Don Juan ou chaste. C’est un être complexe aux multiples facettes.
Un ouvrage très bien documenté et étayé par de nombreux exemples. A lire !
La Grandeur sans convictions
un essai de Marie-Christine Natta.
Edition du Félin poche
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L'auteur
Catherine Merveilleux
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Catherine Merveilleux est la Rédactrice en chef du Magazine Le Jour & La Nuit depuis la création du média en 1996. Philosophe de formation, elle a longtemps enseigné avant de créer Le Jour & la Nuit. Libre et indépendante, elle n’est inféodée à aucun parti et analyse ce qu’elle constate sans aucun préjugé. Ennemie de la Pensée unique, elle rend compte à ses lecteurs en toute impartialité et en toute objectivité des événements auxquels elle a assisté avec pour unique objectif de ne pas travestir la vérité. Elle est l’auteur de deux romans et de plusieurs essais. Passionnée d’information et de culture, elle a à cœur de faire partager à ses lecteurs son amour du cinéma, de l’art, de la gastronomie et de la fête. Loin du bashing ambiant, elle s’efforce de montrer tout ce qui est est beau à Marseille, cette ville au potentiel incommensurable qui ne demande qu’à se révéler.
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