How to have sex est un film de Molly Manning Walker qui vient de remporter le Prix Un Certain regard, lors du dernier festival de Cannes. C’est un film qui interpelle car il parle de la question cruciale du consentement lors des relations sexuelles.
Le synopsis est le suivant : Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre copines dans une station méditerranéenne ultra fréquentée. Le trio compte bien enchaîner les fêtes, les cuites et les nuits blanches, en compagnie d’Anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?
Catherine Merveilleux : Comment est née l’idée de ce film ?
Molly Manning Walker : Lors d’un mariage à Ibiza, j’ai retrouvé pas mal d’amis de jeunesse et nous nous sommes souvenus de nos premières vacances sur cette île et notamment d’une histoire de fellation en public sur une scène. On s’en souvenait tous et nous nous sommes rendus compte de l’impact énorme que cela avait eu sur les ados que nous étions à cette époque. J’ai réalisé l’incidence que ces événements avaient eu sur ma vie sexuelle ultérieure. J’étais la seule ado queer de la bande et en discutant avec mes amis, j’ai pris conscience des injonctions que nous subissions tous très jeunes et de la terrible pression qui pesait sur nous comme sut tous les ados.
C.M. : C’est un film sur le consentement et notamment sur ce que les psychologues appellent la zone grise du consentement. Tara ne dit pas «non» explicitement. Elle est ivre et ne dit pas non, mais est-ce un viol pour autant ? Le garçon ne la force pas. Peut-on considérer cela comme une agression ?
M.M.W. : Tara a bu et elle ne dit pas non. Le garçon profite du fait qu’elle soit ivre et que de surcroît, vierge, elle n’ose pas dire non sous les injonctions et la pression sociale. Je pense qu’effectivement c’est une agression, sans violence physique mais c’est quand même une agression..
C.M. : A Cannes, vous avez déclaré : «Nous devrions être libres de boire et de porter ce que nous volons sans être attaquées.» Pouvez-vous développer ?
M.M.W. : Là encore, la pression sociale est terrible. Si une fille se fait violer, elle est suspectée d’en avoir été l’instigatrice parce qu’elle portait une jupe trop courte, était trop maquillée ou avait trop bu etc … Là encore, la question du consentement est cruciale. Si elle n’a pas dit oui. C’est non !
C.M. : Où le film a t-il été tourné ?
M.M.W. : Il a été tourné sur l’Ile de Malia en Crète.
C.M. : Comment s’est passé le Festival de Cannes et l’annonce de votre Prix?
M.M.W. : Ce fut incroyable et magique. Une vraie surprise. Nous avons fini le film le mardi et le vendredi nous le présentions à cannes ? Lorsque j’ai appris que j’avais le Prix dans la sélection Un Certain regard, j’étais à Florence avant de partir en Grèce pour quelques jours et j’ai filé à Rome pour prendre un vol en urgence et entre le vol que j’ai raté et celui qui a été annulé je suis arrivée juste à temps pour le Prix.
C.M. : Quel était votre objectif en tournant ce film ?
M.M.W. : il était important pour moi de créer une réaction chez le public et particulièrement chez les Jeunes. Avec mes collaborateurs, nous avons organisé des groupes de paroles à travers le Royaume-Uni divisés en deux : filles et garçons afin de recueillir leurs réactions et de susciter chez eux une réflexion et une prise de conscience.
Casting : Mia McKenna Bruce, Shaun Thomas, Lara Peake, Samuel Bottomley, Laura Ambler, Enva Lewis
Réalisatrice Molly Manning Walker
Sortie le 15 novembre au cinéma
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