Lek & Sowat travaillent en binôme depuis 2010 et partagent un goût commun pour l’Urbex, discipline qui consiste à sillonner la ville à la recherche de ruines modernes. Ils repoussent les limites du Graffiti traditionnel et leurs installations in situ réunissent abstractions architecturales, typographies déstructurées, installations éphémères et vidéos en time-lapse.
L’exposition Knock on wood dont le vernissage vient d’avoir lieu à la Galerie Diego Escobar se distingue des performances antérieures de Lek & Sowat car celles-ci avaient lieu in situ dans une perspective Urbex car, expliquent-ils, depuis 2022, ils ont désormais un atelier dans le quartier République à Paris et ont à cœur de développer leur créativité sur de nouveaux médiums et de nouveaux matériaux en abandonnant pour un temps le béton et le verre pour créer sur bois à la peinture acrylique.
Le nom de l’expo «Knock on wood» fait référence à une chanson de musique soul écrite par Steve Cropper et Eddie Floyd interprétée par ce dernier en 1966. Knock on wood est une expression utilisée pour conjurer le mauvais sort équivalente à «toucher du bois» en français.
Le binôme Lek & Sowat, duo star de l’Art urbain explose en 2012, lors du projet Mausolée au cours duquel, Lek & Sowat avaient organisé une résidence artistique sauvage dans un supermarché abandonné du nord de Paris. Ce projet les fit connaître et leur ouvrit les portes du Palais de Tokyo. A l’invitation du commissaire Hugo Vitrani, entourés d’une cinquantaine d’artistes cultes des arts urbains, Lek & Sowat investissent différents espaces et les entrailles du Palais de Tokyo et passent deux années entre 2012 et 2014 à créer une exposition expérimentale, initiant ce qui deviendra le Lasco Project. Ils ont pour ce faire, invité une cinquantaine d’artistes à se joindre à eux. Ils peignent alors les locaux, les sous-sols et autres lieux secrets et invisibles voire inaccessibles du centre d’art. Trois films sont tirés de leur aventure au Palais de Tokyo : Le premier s’intitule «Vandalisme», le second , «Tracés directs» et le troisième «Underground Doesn’t Exist Anymore». Ce dernier opus est tourné dans un espace souterrain destiné au désenfumage du Palais de Tokyo, en cas d’incendie où il n’est possible d’accéder que par une trappe secrète. «Nous ne le savions pas, mais à chaque fois que nous y travaillions, nous risquions d’être aspirés par les puissantes turbines qui s’y trouvaient. Un jour, nous avons vu débarquer, affolé, un responsable de la sécurité car nous avions sans doute, par mégarde, déclenché une alarme en appuyant sur une manette. C’est dans cet espace où on n’accède que par une trappe que nous avons travaillé avec Mode2 et Futura 2000. Quelque part dans les sous-sols du musée se trouve encore cette peinture qui est préservée du temps par son inaccessibilité… comme les fresques murales des grottes de Lascaux. »
Par la suite, Lek & Sowat ont multiplié de nombreux projets à l’étranger (Inde, Hong Kong, Abu Dhabi, Europe…) ainsi que des collaborations avec des artistes d’horizons aussi variés que le poète beat John Giorno, les stylistes Agnès b et Jean-Charles de Castelbajac. Ils ont travaillé avec les pionniers du Graffiti que sont Futura, Mode2, JonOne, et Jacques Villeglé, précurseur de l’art urbain. C’est avec ce dernier qu’ils ont réalisé le projet Tracés Directs, créé au Palais de Tokyo, première œuvre de graffiti à entrer dans la collection permanente du Centre Pompidou. En 2016, ils sont les premiers artistes issus du graffiti à intégrer, comme pensionnaires, la prestigieuse Villa Médicis à Rome
Ils viennent aussi plus récemment de sublimer le domaine départemental de Pierrevives, grand bâtiment futuriste créé par l’architecte emblématique Zaha Hadid où a lieu en ce moment l’exposition immersive In Retrospect à Montpellier.
Un duo qui se renouvelle sans cesse. Le résultat de Knock on wood est subliminal. Le rendu est transcendant. La typographie lumineuse suggère des messages sibyllins dans des écritures fantasmées avec une touche d’enluminures du Moyen-âge. C’est original, beau et onirique.
Galerie Diego Escobar
74 Boulevard Périer
13008 Marseille
Exposition du 20 avril au 14 mai 2024
Du mercredi au vendredi de 11h à 18h
Le Samedi de 13h à 18h et sur rendez-vous
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L'auteur
Catherine Merveilleux
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Catherine Merveilleux est la Rédactrice en chef du Magazine Le Jour & La Nuit depuis la création du média en 1996. Philosophe de formation, elle a longtemps enseigné avant de créer Le Jour & la Nuit. Libre et indépendante, elle n’est inféodée à aucun parti et analyse ce qu’elle constate sans aucun préjugé. Ennemie de la Pensée unique, elle rend compte à ses lecteurs en toute impartialité et en toute objectivité des événements auxquels elle a assisté avec pour unique objectif de ne pas travestir la vérité. Elle est l’auteur de deux romans et de plusieurs essais. Passionnée d’information et de culture, elle a à cœur de faire partager à ses lecteurs son amour du cinéma, de l’art, de la gastronomie et de la fête. Loin du bashing ambiant, elle s’efforce de montrer tout ce qui est est beau à Marseille, cette ville au potentiel incommensurable qui ne demande qu’à se révéler.
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