Indivision, un film marocain de Leila Kilani

Le film a pour objectif d’agir comme un catalyseur pour mettre en évidence et en lumière la problématique de la désertification au Maroc et la responsabilité collective envers les générations futures.
Le synopsis est le suivant : Dans les collines de Tanger, au centre de la forêt se dresse une demeure familiale : la Mansouria. Lina y vit avec son père Anis, sa grand-mère Amina et la domestique, Chinwiya. Le père et la fille ont une même passion : les oiseaux. C’est l’été. Amina a accepté d’organisé une noce pour la famille. Amina pousse sa famille à accepter une offre immobilière qui les rendrait tous milliardaires. Anis refuse de vendre. Pire, il renonce à son droit à la propriété. Il veut faire de sa part une donation pour l’éternité aux oiseaux. Soudain, le vent tourne : un premier feu, dont on ignore l’origine, part des collines. Une pluie d’oiseaux s’abat sur la forêt.

Le scénario est ciselé et la psychologie des personnages est fouillée, travaillée. Le personnage de la grand-mère, Amina, surnommée «La Maréchale» est très intéressant. Ce n’est pas un personnage manichéen, même si a priori, elle peut paraître très antipathique. Leïla Kilani explique : « Amina est la survivante d’une aristocratie décadente. Elle est la gardienne de traditions ancestrales qu’elle perpétue. Elle veut défricher les terres du domaine familial et les vendre, non pas par intérêt personnel, par cupidité, par amour de l’argent mais parce qu’elle perpétue le pouvoir dont elle a hérité. Contrairement à elle, son fils et sa petite-fille vivent en symbiose avec la nature d’une manière totalement mystique, à l’écoute des coïncidences et des signes annonciateurs d’une révolution sociale à venir. Anis refuse de vendre et veut faire une donation pour l’éternité aux oiseaux. La loi marocaine lui permet de s’opposer à la vente de la demeure familiale grâce à l’Habous. Cette mesure juridique bloque la vente et empêche les 21 autres personnes de l’indivision de vendre si un seul des indivisaires s’y oppose. Seul un placement en hôpital psychiatrique pourrait l’empêcher de s’opposer à la vente. Il faudrait alors qu’il soit déclaré non capable de discernement.» A la question: «Indivision est-il un film sur l’écologie et vous sentez-vous engagée ?», Leïla Kilani répond : «Je pense qu’aujourd’hui, personne ne peut ne pas se sentir concerné, mais plus qu’un film sur l’écologie, je pense que c’est un film d’amour, un Romeo et Juliette, une histoire des Mille et une nuits. C’est aussi un film sur le manque d’amour que ressentent Anis et sa fille Lina de la part d’Amina. Lina est traumatisée par la mort de sa mère dont elle se considère en quelque sorte coupable. A la suite de l’accident, elle est devenue muette. C’est aussi un film sur la trahison car la jeune fille trahit son clan, tout comme Chinwiya trahit les siens. Lina a un double, une espèce de Carie spectrale sur les réseaux sociaux où elle déchaîne la fureur et la Barbarie dans un objectif de vengeance et d’exorcisme expiatoire.»

Un très beau film qui nous parle d’un paradis perdu, avec de très beaux passages comme par exemple la scène de la communion grâce à la transcendance de la transe lorsque les invités de la noce entrent en transe grâce à la danse dans une espèce de catharsis rédemptrice.
Le film a déjà obtenu plusieurs prix, notamment le Grand Prix du Festival du film arabe de Fameck, le Prix de l’innovation au Festival Nouveau cinéma de Montréal, le Prix Jeune Public d’Apt et a été présenté au FIFM (Festival de Marrakech) en collaboration avec la coalition marocaine pour la justice climatique.
Sortie : 24 avril 2024
Distributeur : MKB Production
Réalisé par : Leïla Kilani
Scénario : Leïla Kilani
Casting : Ifham Mathet, Mustafa Shimdat, Bahia Bootia
Genre : drame ( Maroc, France)

#MKBProduction, #leïlakilani, #catherinemerveilleux, lejouretlanuit.net, #maroc, #ecologie, #FIFM, #indivisionlefilm